Mai
1185 : la menace des SaintsJ'en étais sûr; ce ne pouvait être que lui! Déjà l’enquête sur les pillages de virtus dans Brocéliande m’avait laissé deviner que les auteurs connaissaient bien la région et ses recoins les plus fertiles.
Notre plainte fut dûment enregistrée et reportée en fin de tribunal. Durant notre séjour à Fudarus, nous avons fait quelques rencontres intéressantes : il apparaissait que les alliances du royaume de France tentaient de déstabiliser les tout-puissants Tytalus de Fudarus (leur Domus Magnus !) en demandant le déplacement du tribunal de Normandie vers un lieu plus central (en France donc). Je ne pensais pas qu’il fût sage de se heurter aux Tytalus mais il en fut décidé autrement et nous acceptâmes l’offre d’échange de soutien dans nos deux affaires.
L’heure des votes arriva. Nous pensions avoir rassemblé un nombre suffisant de voix mais la coalition menée par l’alliance de Blanc Mesnil l’emporta. Et pour cause ! Ce pourceau de Circée y avait trouvé refuge. Je parle bien évidemment de Lupus Mortus, cet incapable qui fut autrefois mon apprenti. Je reconnaissais immédiatement son Sigil parmi ceux de Blanc Mesnil.
Blanc Mesnil est une alliance d’incompétents dangereux : des Jerbitons et des Flambeaux plus notre traître. Ils s’étaient placés sous la protection du baron Ranulf de Chester (nous apprîmes plus tard que Sélénia de Blanc Menil était cousine de ce vulgaire). Lupus Mortus les guidaient à travers Brocéliande pour piller nos ressources.
Le tribunal s’acheva par un compromis ridicule : il nous fut concédé l’usufruit exclusif de la forêt de Brocéliande dans un rayon de 5 lieues autour de Gerlac. Mais c’était aussi reconnaître le libre accès au reste de la forêt.
Notre pontifex, Gibber, ajouta qu’il ne pouvait garantir la sécurité de qui que se soit dans cette forêt du fait des féeriques y habitant. Aussi, tout mage y pénétrerait à ses risque et périls. C’en était fini de ce triste spectacle. Gibber décidait de partir vers l’alliance de Manaker - située sur une île au nord de la Bretagne et à forte tendance Merinita - pour essayer de trouver une solution au conflit que le tribunal n’avait pas apaisé. Le reste des mages rentrait à Gerlac, où nous attendait une autre surprise...
Il est bien difficile de réparer les dégâts mais le baron Rolland se montre conciliant, en échange d'une aide en cas de conflit entre les partisans Geoffroy de Bretagne (dont il est) et ceux de son père Henri...
Mai
1185 : la menace des SaintsLaissez-moi tout d'abord exprimer mon admiration pour les mages d'une alliance dynamique qui, malgré le poids de son passé et la diversité de ses inclinaisons actuelles, s'efforce de demeurer dans le droit chemin tracé par l'illustre Bonisagus. Permettez-moi également de vous féliciter pour votre brillante victoire au Tribunal de Normandie de Septembre dernier qui a permis de donner force de loi aux pratiques ancestrales et vous a reconnu comme défenseurs de la forêt de Paimpont.
Comme l'a voulu le vénérable fondateur de l'Ordre, nous perpétuons et affinons nos connaissances mystiques à travers les temps afin de mieux comprendre le monde qui nous entoure et le faire bénéficier de nos feux inextinguibles. Mais la majorité des vulgaires n'étant pas prêt à supporter l'éclat de la lumière du Savoir, nous avons pour l'heure devoir de discrétion afin de ne pas mettre en péril nos travaux et ne pas attirer les foudres des ambitieux prêt à nous affronter pour des prétextes futiles.
Jusqu'ici vous vous étiez merveilleusement bien acquittés de ce devoir en laissant croire aux vulgaires que seule la forêt et ses habitants vous intéressaient. Malheureusement, l'erreur étant humaine et les mages, malgré tous leurs pouvoirs, n'en demeurant pas moins des hommes, cette situation est remise en cause.
Je ne vous apprends pas que des accusations de sorcelleries courent à votre encontre, lancées par un prêtre de votre région, un certain père Gédéon. Une telle aversion est compréhensible de la part du clergé qui jalouse nos pouvoirs; mais ce prêtre s'est révélé énergique et convaincant et est parvenu à attirer l'attention de Pierre Giraud, évêque de St Malo, en lui racontant une vague histoire de miracle, d'apparition de saint et de profanation.
Ayant appris cette nouvelle je me suis renseigné autant que possible en respectant les règles élémentaires de prudence et ai en ai appris bien plus. La compassion que je voue à votre Alliance me pousse à vous narrer tous les détails : Pierre Giraud a décidé d'ouvrir une enquête officielle et a chargé frère Albert, un moine cistercien apparemment sans histoire, de mener à bien cette tâche. Celui-ci se prépare en ce moment même à descendre vers Lohéac.
Votre intelligence du problème est capitale. Il va de soi que si l'envoyé de évêque revient avec une conclusion défavorable - ou ne revient pas du tout - il est a craindre qu'une attention malséante ne se porte sur l'ensemble de l'Ordre. Aussi est-il primordial d'afficher un profil bas, de minimiser vos pouvoirs et de convaincre frère Albert de votre innocuité aux projets de l'Eglise.
Rude tâche en vérité! Je comprends fort bien votre angoisse, ayant déjà connu de pareils cas. Mais l'expérience montre que cela est possible en évitant un certain nombre d'erreurs qu'il serait trop long d'énumérer ici. N'hésitez pas à me contacter; mes conseils vous sont acquis. Et, puisque la stabilité de l'Ordre tout entier est menacée, je pourrai même - à votre demande - délaisser quelques temps mes études pour venir vous prêter main forte et prendre en main la situation, vous faisant profiter de ma grande expérience de la chose.
Nul doute que vous saurez surmonter cette nouvelle épreuve dans le respect du Code et que vous en sortirez grandis. Je vous fait confiance pour prendre la décision qui s'impose.
Votre confrère, Quaesitor Oculus de Manaker